La vie ennuyeuse d'un homme ennuyeux

« C’est qu’un tout p’tit bobo, tu vas guérir ! »

Le jeune garçon disait cela d’un ton où brillait la détermination, sans doute pour insuffler un peu de courage à la gamine de 5 ans qui paniquait toujours, se tenant le poignet d’une main, peinant à respirer sous ses pleurs incessants.

Leur mère les avait pourtant prévenus de ne pas grimper aux arbres. Mais, comme à l’éternelle habitude du fils aîné, l’avertissement passait par une oreille avant de ressortir par l’autre. Sa petite sœur, Ludmilla, prenait malin plaisir à marcher dans ses pas, cependant bien moins agile mais tout aussi insouciante des dangers que lui. Résultat ? Sans doute un poignet fêlé…avec un peu de chance.

« Tu…tu le promets ? » couina l’enfant alors que son frère tâchait d’immobiliser la partie du corps blessée entre deux petites branches et un bandage de fortune.

Ludwig eut un sourire tout en dent, bien que la saleté de leur mésaventure en forêt ternît ses traits. Il tendit alors sa main vers l’enfant, tous doigts serrés hormis l’auriculaire.

« C’est sûr ! On est des Schwarz ! »

Rassérénée par le court discours, Ludmilla passa sa main intacte contre son visage couvert de larmes et de poussière avant de venir enrouler son petit doigt contre celui de son grand frère, scellant sa promesse.

« On est des Chouardz. » répéta-t-elle maladroitement, se voulant courageuse.

Ludwig fit monter Ludmilla sur son dos, mêlant le plaisir de la fillette au besoin de rapidité. Le garçon maigrichon grimaça sous le poids pourtant négligeable. Il devrait se mettre à l’entraînement, tôt ou tard, s’il voulait brandir une épée, comme son paternel.

« Maman va être fâchée ? »
« Ça aussi, c’est sûr… »
« Hooooonnn…»